Les Marais de Bourges sont un écosystème précieux abritant une flore riche et diverse aux usages multiples mais qui rencontre aussi des défis environnementaux. Pour connaître un peu mieux nos marais, nous sommes partis en exploration avec Bertrand Pouchot, formateur aux métiers du paysage.

Bertrand Pouchot, formateur paysage au CFPPA

© Ad2T - Bertrand Pouchot

Bertrand forme des adultes aux métiers du paysage au CFPPA de Bourges Le Subdray (Centre de Formation Professionnel et de Promotion Agricole).
Il connait très bien la flore sauvage pour avoir travaillé de nombreuses années dans des espaces naturels du Berry mais aussi dans des espaces naturels sensibles, des forêts, des ripisylves et berges de rivières, des domaines privés ou encore des zones militaires. 

La végétation et ses usages

Dans les Marais de Bourges, la flore est d’une richesse remarquable, et parmi ses acteurs principaux, se trouve le saule osier. Autrefois, cet arbre était l’élément clé de la vannerie, grâce à ses jeunes rameaux souples, utilisés, entre autres, pour la fabrication de paniers.

© Ad2T - Saule osier - Marais de Bourges
© Ad2T - Saule osier - Marais de Bourges

En raison de sa relative imputrescibilité et de sa capacité à s’enraciner facilement au contact de l’eau, le saule osier était également employé pour soutenir et renforcer les berges. Cette double fonctionnalité, à la fois dans l’artisanat et dans la préservation des berges, en a fait une espèce abondamment présente dans les marais.  
Cependant, il est important de noter que les feuilles des saules ont tendance à acidifier le milieu, ce qui peut poser problème dans les étendues d’eau fermées comme les mares ou les étangs. 

La diversité végétale des Marais de Bourges

Parmi la diversité végétale des marais, l’aulne glutineux occupe une place prépondérante. Cette espèce tolère les eaux stagnantes grâce à ses racines aquatiques, abritant ainsi une riche faune de poissons, d’alevins et de têtards. L’histoire de l’aulne remonte à la Préhistoire, où il servait à la construction des cités lacustres pour se protéger des prédateurs. De plus, son bois brûle rapidement, dégageant une chaleur intense et laissant peu de cendres, ce qui en faisait également un matériau apprécié pour les fours à pain. 

© Ad2T - Aulne glutineux - Marais de Bourges

Enfin, les marais abritent une grande variété de végétaux, grâce à la richesse du sol, apportée par le sédiment des rivières. Cette diversité comprend des espèces indigènes telles que le pommier ou le noisetier et exotiques comme le figuier, le topinambour ou le rosier, résultat des plantations variées réalisées par les maraîchers au fil des années. 

© Ad2T - Pommier - Marais de Bourges
© Ad2T - Figuier - Marais de Bourges
© Ad2T - Topinambour - Marais de Bourges

Flore utile et défis environnementaux

Plantes vertueuses

Parmi les autres espèces végétales des marais, on trouve le saule marceau, reconnaissable à ses feuilles plus arrondies, ainsi que les vignes vierges, rougissant à l’automne, qui ont été importées et ont prospéré au fil du temps . Elles envahissent les grands arbres, offrant un abri et de la nourriture aux oiseaux et aux insectes, contribuant ainsi à l’écosystème local. 

© Ad2T - Vigne vierge - Marais de Bourges
© Ad2T - Lierre - Marais de Bourges
© Ad2T - Fleurs de lierre - Marais de Bourges

De même, le lierre joue un rôle essentiel, grâce à ses fleurs qui sont parmi les premières de l’année à éclore, en fournissant aux abeilles leur première source de nourriture après l’hiver. Avec les changements climatiques, le lierre, en entourant les troncs d’arbres, protège également ces derniers de la chaleur et de la sécheresse. 

Les arbres morts laissés debout, quant à eux, contribuent à créer des niches écologiques pour les insectes et les oiseaux. 

© Ad2T - Arbre mort - Marais de Bourges
© Ad2T - Arbre mort - Marais de Bourges
© Ad2T - Saule - Marais de Bourges

Il est aussi intéressant de noter que les branches des arbres qui touchent l’eau, freinent un peu le courant et permettent, en cas de crues, de diminuer l’impact de celui-ci dans le cours d’eau.

Dans l’eau des marais, on retrouve une plante utile et oxygénatrice, c’est l’élodée du Canada. Elle est assez résistante mais craint tout de même la présence de la jussie, qui l’étouffe et va prendre sa place. 

© Ad2T - Élodée du Canada - Marais de Bourges
Plantes invasives
© Ad2T - Jussie - Marais de Bourges

La jussie, plante invasive bien connue des maraîchers, a été importée du continent américain pour ses belles fleurs d’ornementation. Cependant, elle s’est échappée des bassins dans lesquels elle avait été introduite et a envahi tous nos cours d’eau, en France, voire en Europe. Elle est tellement invasive qu’elle étouffe les canaux et toutes les autres plantes. De plus, elle a une grande faculté de multiplication et de résistance aux sécheresses d’été ce qui en fait une plante aquatique difficile à éradiquer. 

Un autre défi environnemental pour les Marais de Bourges est lié à l’invasion de la renouée du Japon, une plante introduite pour le fourrage animalier, mais qui s’est rapidement propagée sur les berges. Robuste et très invasive, elle tapisse le sol, ne laissant la place à aucun autre végétal ou fleur, ce qui est néfaste pour la biodiversité. 

 

© Ad2T - Renouée du Japon - Marais de Bourges

L’entretien des Marais de Bourges et de sa biodiversité est essentiel pour sa préservation. Des sorties nettoyage de la jussie sont régulièrement organisées par le comité des maraîchers de Bourges et chacun peut donner un coup de main afin de privilégier une flore variée ainsi qu’un écosystème équilibré pour profiter le plus longtemps possible de balades féériques dans ce lieu unique. 

Commentaires

Aucun commentaire.


Ajouter un commentaire